La démocratie participative (II)
(contact : troozinfo@gmail.com)
Et à Trooz, fait-on quelque chose ?
Une enquête d’opinion réalisée à l’initiative de l’Union des Villes et Communes de Wallonie sur la perception par les citoyens des pouvoirs locaux wallons le révèle : la population reste attachée à ce niveau de pouvoir. Et 65% des personnes se disent satisfaites des services publics locaux (Le Soir du 18 mai 2017).
Un encouragement à continuer à faire comme on a toujours fait ? Certainement pas !
L'information est un préalable nécessaire à tout processus de participation. D’ici la fin du mois de juin, (le Bourgmestre a promis que) la Commune de Trooz disposera d’un site internet fonctionnel et performant. Cette interface entre élus et citoyens ne comblera un cruel manque d’informations que si les autorités jouent la transparence et y exposent leurs politiques, les enjeux, les travaux du Conseil communal et les principaux dossiers ouverts.
ACTUELLEMENT :
Sur le site internet :
- le dernier PV du Conseil communal est celui du 10-10-2016 (il en manque donc 6) ;
- le dernier ordre du jour du Conseil communal est celui du 20-02-2017 (il en manque donc 2).
Heureusement, la Commune peut compter sur l’administrateur et journaliste du blog Sudinfo Trooz du groupe Sud Presse pour annoncer d’initiative les réunions du Conseil et leurs ordres du jour et faire ensuite une synthèse des points et des échanges. La Commune y fait aussi paraître un compte-rendu sous la forme d’un communiqué. Régulièrement, l’opposition s’y exprime également. Ce blog est donc la seule plateforme sur laquelle se confrontent « directement » les idées et les convictions de la majorité, de l’opposition... et du public.
Le bulletin communal, publié tous les 3 mois, constitue l’autre principal outil communal d’information et de communication. Y laisser un espace pour permettre à l’opposition politique de s’y exprimer participerait à revivifier quelque peu la démocratie locale.
PROPOSITIONS POUR UNE DEMOCRATIE + CITOYENNE :
- faire du futur site internet de la Commune un outil informatif attrayant et interactif, facilitant les échanges entre les autorités et les citoyens ;
- réserver un espace du bulletin communal pour permettre à l’opposition politique de s’y exprimer (comme cela se fait à Chaudfontaine) ;
- réserver un espace du bulletin communal pour permettre à des acteurs locaux tels que les associations et comités de quartier de s’y exprimer librement (comme cela se fait à Sprimont) ;
- exposer clairement sur le site internet les politiques de chacun des échevins, en accord avec la Déclaration de Politique Générale adoptée par la majorité en début de législature ;
- faire chaque année le bilan de l’action de la majorité (et non d’une de ses composantes) par rapport aux objectifs poursuivis, exposer les difficultés rencontrées et les solutions proposées.
Le Conseil communal est le cœur de la démocratie locale ; pourtant la population n’y assiste pas. Renseignements pris, il en est à peu près de même dans nos communes voisines ; les rapports de force entre majorité et opposition et l’information communale minimaliste à Trooz n’en sont donc pas la raison.
ACTUELLEMENT :
- 4 citoyens en moyenne assistent aux conseils communaux (leur nombre tend à quelque peu augmenter ces derniers mois…) ;
- au cours de la présente législature, le public a posé 2 questions au Conseil (sauf oubli de ma part), comme l’y autorise le Code de la démocratie locale et de la décentralisation.
Même s’ils concernent forcément toujours la population d’une manière ou d’une autre, il faut reconnaître que les points des ordres du jour sont généralement peu attractifs et logiquement présentés de manière succincte. Au sein des membres de la majorité, il n’y a jamais de débat puisque tout a été discuté au Collège puis passé au tamis du pré-conseil (réunion informelle des élus de la majorité juste avant les Conseils pour gommer les éventuelles aspérités et éviter tout risque de discordance en public). Pourtant, le Bourgmestre a quelques fois rappelé que les conseillers de la majorité pouvaient eux aussi s’exprimer : force est de constater qu’à l’exception de 2 ou 3 d’entre eux, on ne les entend pour ainsi dire jamais. L’opposition peut par contre librement interpeller les autorités, sans s’écarter trop du sujet.
Pour rendre un minimum d’attrait aux réunions du Conseil, il faut donc ajouter quelque chose. Il n’est plus temps de se lamenter mais bien d’innover. Une condition pour rendre au Conseil communal sa vocation publique : que les élus cessent d’avoir peur des citoyens ! Cela aura aussi pour mérite de rendre les échanges plus francs et constructifs.
PROPOSITIONS POUR UNE DEMOCRATIE + CITOYENNE :
- avancer la réunion du conseil d’une demi-heure (19h30 au lieu de 20h00) et consacrer ce temps supplémentaire à un échange entre les mandataires sur un point d’intérêt général, étranger ou non à l’ordre du jour, auquel prendrait part le public. Si nécessaire, inviter une personne pour animer ou alimenter le débat ;
- relater les principaux échanges du Conseil communal dans les procès-verbaux plutôt que de se limiter à y présenter le point et la décision au terme du vote ;
- réserver la fonction de Président du Conseil à une autre personne que le Bourgmestre ;
- informer activement de la possibilité et des conditions permettant aux habitants d’interpeller directement le Conseil communal.
Et puis, si le public ne vient pas au politique, le politique doit aller au public…
Une chose me fait frémir : que la majorité considère que, finalement, un public inexistant ou clairsemé aux Conseils communaux, c’est finalement plus confortable.
Signalons l’existence du Conseil communal des enfants, très bien encadré par ailleurs.
Les occasions festives, commémoratives, culturelles, sportives et autres sont nombreuses à Trooz qui permettent aux élus de rencontrer les habitants (et vice et versa). Ces moments généralement très conviviaux sont propices aux échanges spontanés et permettent certainement aux élus de « prendre la température ». Mais ces rencontres à la « fête des mamans », à la « chasse aux œufs », au souper des pensionnés ou au vernissage de la dernière expo ne sont absolument pas propices pour aborder des sujets un tant soit peu complexes concernant plusieurs familles ou un quartier par exemple, et qui portent en eux un enjeu d’intérêt général. Pas plus que l’organisation chaque été et à l’initiative de la Commune d’une soirée de rencontre entre habitants d’un même quartier, très belle initiative par ailleurs à laquelle se joignent les quelques élus qui le souhaitent. Or, la participation des citoyens est de nature à mieux cerner les problèmes et à faciliter la recherche des solutions ainsi que l’adhésion de la population en vue de leur mise en œuvre.
ACTUELLEMENT :
- les occasions de rencontres informelles des politiques sont nombreuses ;
- les occasions d’échanger et de débattre avec les politiques sont beaucoup plus rares. Signalons l’organisation par le PS d’une conférence sur l’immigration suivie d’un débat fin 2015 ;
- la Maison de la Laïcité organise de nombreuses conférences de qualité sur des sujets variés auxquelles participent notamment les élus locaux qui sont aussi administrateurs de l’association ; l’occasion de réfléchir et d’échanges fructueux.
La tentative d’organisation de soirées citoyennes en novembre dernier par le PS n’a pas rencontré le succès escompté car son opportunisme n’a échappé à personne : comment comprendre autrement cette action d’une seule composante de la majorité (qui a récolté 39,91% des suffrages, 8% de moins qu’en 2006) invitant les citoyens à venir s’épancher, alors que les gens en ont assez des politiques partisanes et des querelles entre partis (aux niveaux régional et national) ?
C’est la majorité dans son ensemble, avec ses diverses sensibilités et expériences, qui est la seule légitime et crédible pour de telles rencontres. Et si elle est ouverte au débat et favorable à la confrontation des idées, il lui suffit d’inviter l’opposition. Elle ne doit pas craindre un débat électoral avant l’heure : l’opposition à Trooz est critique mais constructive et doit aussi assumer ses choix et responsabilités.
PROPOSITIONS POUR UNE DEMOCRATIE + CITOYENNE :
- ouvrer à la construction d’une vision collective des problèmes et des solutions en informant et en consultant les habitants ;
- organiser une fois l’an (et donc une ou deux fois avant les élections de fin 2018) une rencontre formelle avec les citoyens. Diverses formules sont possibles : présentation des diverses politiques suivie d’un « questions – réponses », réunion axée sur un thème d’actualité, plusieurs réunions dans chaque ancienne commune… La présence d’un modérateur aguerri à l’exercice de la conduite de ce genre d’événement est indispensable pour assurer la qualité des échanges !
- organiser une fois l’an une réunion des associations actives sur le territoire communal afin de favoriser les collaborations de toutes sortes.
photos : blog Sudpresse
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