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Et pourquoi pas ?

Le Centre de la Croix Rouge de Trasenster héberge 405 demandeurs d’asile. De ce fait, le « Plan Francken » de répartition de 5.000 demandeurs dans les 589 communes du pays en 2016 n’impose pas à Trooz d’accueillir quelques personnes supplémentaires.

Le nombre de places d’accueil déjà existantes est en effet un des 4 critères à prendre en compte, avec le nombre d’habitants, leur revenu moyen et le nombre d’habitants touchant un revenu d’intégration sociale.

J’aurais voulu que nous ayons à accueillir quelques nouveaux réfugiés. Cela aurait coûté quelques milliers d’euros à la Commune (en partie remboursés par le Ministère de l'Intérieur), qu’il aurait fallu prélever sur des budgets déjà alloués. Les travaux ? Le social ? L’enseignement ?

D’initiative, la Commune pourrait néanmoins faire cet effort et tendre la main à 2 ou 3 familles auxquelles un appartement loué serait mis à disposition. Coût estimé : 20.000 euros par an. Je suis certain que plusieurs Trooziens seraient heureux de contribuer à cet élan de solidarité et proposeraient un logement en état pour un prix très correct ! Pour clouer aussi le bec à ces communes – de toutes couleurs politiques – qui estiment qu’on leur en demande trop.

Les personnes démunies ne manquent déjà pas dans notre pays, c’est vrai. Mais je ne crois absolument pas que tendre la main à l’un retire le pain de la bouche de l’autre. C’est peut-être même le contraire.

Le plan de répartition dans la Province de Liège (Le Soir du 23 décembre) 

Une Europe en déroute

Les uns après les autres, les pays européens confrontés au passage massif des réfugiés en provenance de Syrie via la Turquie ou la Grèce érigent des barrières physiques. Notamment pour contrer le flux organisé par le pays précédent, soucieux que ces personnes - dans le plus grand dénuement - ne fassent que transiter sur son territoire ! Aujourd’hui, les tractations vont bon train avec la Turquie pour qu’elle garde chez elle ces migrants. On aimerait (notre Premier Ministre pour commencer) qu’ils puissent y travailler et s’y sédentarisent, diminuant d’autant le « risque » qu’ils poursuivent leur exode, alors que notre petite Belgique interdit à ses demandeurs d’asile – dont beaucoup sont qualifiés – d’exercer leur profession, les condamnant ainsi à des années de désœuvrement et d’ennuis. L’équivalence des diplômes n’est pas non plus accordée, plongeant dans le désarroi de nombreux jeunes diplômés.

Des années durant l’Italie a appelé l’Europe à l’aide, submergée qu’elle était par ces « boat people » embarquant des côtes lybiennes notamment, en quête d’un avenir, sinon pour eux pour leurs enfants. Sans que nous ne nous en soucions le moins du monde, jusqu'à ce que...

Arrivés jusqu’à nous, il faut bien se charger de ces migrants. Ne l’avons-nous pas été nous-mêmes, il n’y a pas bien longtemps ? Nos grands-parents n'ont-ils pas été heureux de pouvoir rester en Belgique, même si l'accueil n'a pas toujours été des plus cordiaux, et l'intégration parfois difficile ? 31.000 demandeurs d’asile pour 11 millions d’habitants, cela en fait un pour 354 ! Allons-nous également ériger un mur, comme à Berlin en 1961, comme à Jérusalem et en Israël ces dernières années, comme en Hongrie, en Bulgarie…  ou au sein même de l’espace Schengen, comme en Autriche ?

Bien sûr, la difficile question des migrants doit trouver sa solution à la source, en Syrie et en Irak… La coalition internationale y intervient… en lâchant un tombereau de bombes. Que reste-t-il de ces villes et villages bombardés ? Rien ! Et des gens ? Qui bombarde-t-on ? Les méchants barbus, les gentils rebelles, les affidés du régime de Bachar El-Assad, les Kurdes ? Je ne sais pas, je n’y comprends plus rien du tout !

Savez-vous que ces millions de réfugiés sont une minorité dans le monde ? Et qu'en bien d'autres endroits, des millions de personnes se préparent à prendre la route pour échapper au pire ? Les Burundais, habitants d’une de nos anciennes colonies, peuvent craindre le pire. Contrairement à ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda lorsque les politiques belges – notamment – s’étaient conduits de manière indigne (et à ce niveau, l’indignité tue), plusieurs responsables de haut niveau de nombreux pays, d’Europe, des Etats-Unis... mais aussi l’ONU et la société civile essaient de prévenir le massacre qui s’annonce, résultat de la folie d’un seul homme grisé par le « pouvoir » et qui a ruiné tout son pays et sacrifié son peuple. Va-t-on y envoyer des casques bleus africains (alors que le Burundi est un des principaux pourvoyeurs de casques bleus déployés ailleurs en Afrique…) ?  

Quand l'Europe nous rendra-t-elle enfin fiers d'être européens ?

Mais n'est-ce pas aussi à nous à poser les gestes de réconciliation, de solidarité et de compassion ?

Quelques chiffres

Un million de migrants ont été enregistrés en Europe en 2015, majoritairement en provenance de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan et d’Erythrée. 900.000 ont été « accueillis » en Allemagne. En Belgique, 31.000 personnes sont actuellement hébergées en centres collectifs et en logements individuels.

Si notre pays envoie proportionnellement le plus de jeunes djihadistes se battre en Syrie, elle est loin d’accueillir le plus grand nombre de réfugiés !

En 2013, le nombre de demandeurs d'asile en Europe était de 435.000, 626.000 en 2014.

A ce jour, près de 5 millions de Syriens ont fui leur pays ; ils se trouvent essentiellement en Turquie, au Liban et en Jordanie. Et aussi en Europe, aujourd’hui.

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