CHB : où Comment Hypothéquer notre Bien-être ?
(contact : troozinfo@gmail.com)
Une liaison (auto)routière de + en + toxique !
Signez la pétition : https://secure.avaaz.org/fr/petition/aux_membres_du_Parlement_wallon_et_a_Monsieur_le_Ministre_Di_Antonio_Nous_vous_demandons_dabandonner_definitivement_le_p//?launc
Pas de tram à l'horizon et toujours des mandataires qui imaginent étendre encore et encore notre réseau (auto)routier.
Source : Le Soir du 15 décembre 2015
Le contexte politique régional
- contre le projet : les Verts, qui sont aujourd’hui dans l’opposition ;
- pour le projet : les bleus, eux aussi dans l’opposition, les rouges et les oranges.
Une majorité démocratique aussi forte en faveur du projet autoroutier doit-elle obligatoirement conduire à sa réalisation ?
Théoriquement oui sauf qu’ici, le projet engage la région pour des décennies. Et pas seulement du point de vue budgétaire !
Je vous invite à relire les éléments en faveur et surtout en défaveur de ce projet d’un autre âge, puisqu’ils ont été clairement exposés dans les articles du 1er septembre 2015
et du 16 juin 2015
Philippe Dodrimont, député-bourgmestre MR d’Aywaille et zélé défenseur du projet, a déposé une proposition de résolution (analysée le 14 décembre) demandant au Gouvernement wallon de relancer la réflexion. Pour lui, « il est temps d’envisager un montage financier ou de travailler sur les expropriations et le permis ». (Le Soir du 15 décembre 2015)
Mais pourquoi M. Dodrimont est-il si favorable à CHB ? Rappelons-nous que Dodrimont, qui est aussi le président du MR de l'arrondissement de Liège, est très proche de Bacquelaine, bourgmestre de Chaudfontaine, entité qui imagine en partie son développement au travers de la réalisation de ce nouvel axe autoroutier. En tant que Ministre des Pensions, M. Bacquelaine préfère certainement ne pas être en 1ère ligne pour défendre CHB.
Ecolo et Inter Environnement Wallonie ont déposé chacun une autre proposition de résolution portant sur un objet plus large puisqu’il vise à « Améliorer la mobilité durable dans l’agglomération liégeoise ». En clair, Ecolo et IEW s’opposent au projet CHB qui aboutirait à augmenter la circulation automobile, et plaident ardemment pour la réalisation du tram qui doit permettre de restructurer et d’améliorer toute l’offre des transports en commun de Liège et son agglomération, dans le cadre de la revitalisation du centre urbain.
Si le tram à Liège est (toujours) soutenu par toutes les familles politiques sans exception (situation très rare à Liège), son financement n’est toujours… nulle part, l’Europe (Eurostat) ayant recalé la formule du PPP (partenariat Public Privé) présentée par les autorités en raison des limitations dans les capacités d’endettement de la Région !
Son avenir est d’autant plus incertain… que le projet CHB vient le concurrencer !
Les sommes en jeu sont très importantes puisque le projet de Tram (tronçon central de Sclessin à Coronmeuse) est estimé à 380 millions d’euros et celui de CHB à 500 millions. Vu l’état d’avancement respectif des 2 dossiers, il n’est pas mensonger de dire que la première estimation est bien plus précise que la seconde dont on sait que le montant réel serait bien supérieur (pour rappel : la gare des Guillemins – hors voies – , estimée au départ à 60 millions d’euros, en a finalement coûté 320).
D’ici 2030, et à politique constante, on estime qu’en Europe, le transport des marchandises par la route va augmenter de… 44% (11% pour les passagers) ! Avec de telles prévisions, les ardents défenseurs du transport routier ne tarderont pas à prétendre qu’il faut rajouter une bande de circulation à chaque autoroute de notre pays ! Si plus personne ne maîtrise le phénomène, quelqu'un sait-il seulement où cela va s'arrêter ?
Et l’agglomération de Liège sera plus concernée que toute autre puisque les autorités politiques locales misent sur la logistique pour son « redéploiement ». Avec – notamment – la nouvelle plateforme "multimodale" d'Hermalle (Oupeye) récemment inaugurée (les entreprises vont maintenant pouvoir s’installer sur les terrains aménagés), cet accroissement du trafic risque d'être encore supérieur sur le réseau autoroutier liégeois. Dans ce contexte, plutôt que d’envoyer les camions chargés en bord de Meuse et à destination du Luxembourg, de l’Est et du Sud de la France par le tunnel de Cointe, les autorités imaginent leur faire contourner la ville dans l’autre sens en les faisant passer par la nouvelle liaison CHB pour rejoindre l’E25 à Beaufays.
Quelle cohérence ? Quel avenir ?
On sort à peine de la COP21, dont l’ « accord universel » (qui ne contient aucun des mots « gaz », « pétrole », charbon » ni même… « transition énergétique » et qui ne concerne apparemment pas les transports maritime et aérien - trouvez l'erreur), signé par 195 pays a été salué par tous les hommes politiques. Sauf que tout reste à faire : avec la volonté de l’Arabie Saoudite de maintenir son niveau de production actuel de brut et de l’Iran de l'augmenter, le pétrole restera bon marché encore un certain temps... Et la consommation de carburants en Belgique va continuer d'augmenter (+ 4 à 5% pour l’essence en 2015 / + 3% pour le diesel en 2015). Réduction des recettes fiscales mais hausse de la consommation : au final, l'Etat devrait profiter d'un gain, encore difficile à chiffrer. Les consommateurs, particuliers et entreprises - pétrochimie et transports en tête - sont les premiers gagnants. Dans ce cas, l’état belge ne devrait-il pas capter une partie de cet avantage (via le système des cliquets à adapter) et développer des politiques permettant de nous affranchir progressivement de ces ressources fossiles, génératrices de gaz à effet de serre ?
Vous a-t-on dit que d'ici la fin du siècle, s'il n'y a pas un changement radical de notre modèle économique, de paradigme, qui place l'argent au cœur du système, on va se prendre... 6 degrés dans la vue. Je n'ai pas d'enfants mais je m'inquiète pour les vôtres...
http://www.rtbf.be/radio/podcast/player?id=2068180&channel=lapremiere
Des lobbies ?
Celui des entreprises de génie civil n’est pas le dernier, arguant des emplois créés par ces projets d’infrastructures lourdes. Comme beaucoup d’hommes et de femmes politiques sont encore incapables d’imaginer un modèle économique durable, et donc obligatoirement non basé sur une croissance continue et sans fin sans distinction entre ce qui fait ou non progresser le confort et la solidarité, ils adhèrent et défendent la thèse de ces acteurs économiques privés sans se poser trop de questions. Et vous, comment trouvez-vous le « débat » actuel sur la question du transport et des infrastructures ?
Paul De Grauwe, célèbre professeur d'économie souvent consulté par la presse et ardent opposant à l’austérité budgétaire telle que défendue par Angela Merkel, rappelle sans cesse que dans le contexte actuel c'est l'investissement public qui est la clé de la reprise dans la zone euro.
Mais pas les « grands travaux » traditionnels (comme le préconisait à l’époque de la Communauté Européenne le Livre Blanc de son président Jacques Delors) mais les énergies alternatives et les transports en commun, « au risque que nos petits-enfants nous demandent pourquoi nous ne l'avons pas fait à des conditions financières excessivement favorables ». Des équipements et des infrastructures qui augmentent réellement la valeur des biens publics et qui répondent aux défis les plus aigus d'aujourd'hui.
Et à Trooz, business as usuel ?
- Les bleus (qui ont phagocité les oranges) seront-ils pareils à eux-mêmes : (très) discrets ? Concrètement, ma main à couper que le MR de Trooz dira de CHB ce que le parti lui dira de dire. Caricatural ?
- Les rouges sont, je crois, prêts à un échange de vue entre eux, même si porter un point de vue discordant au sein de la Conférence des Bourgmestres risque d’être très peu apprécié des ténors. Mais y a-t-il des socialistes de Trooz qui ont une opinion construite sur la question de CHB et qui sont prêts à l'exposer ? Pas sûr.
- Les verts sont contre CHB, mais comme leur pelage est plutôt hydrofuge, été comme hiver, ils ne se mouilleront pas et se contenteront de respecter l'accord (informel) établi sur le sujet au sein de la majorité. Ils voteront contre ou s’abstiendront tout en s'assurant que le PUM (Plan Urbain de Mobilité) de Liège - qui contiendra l'option finalement choisie pour CHB - soit adopté lorsqu'il sera soumis au vote du Conseil communal.
Parce qu’il va falloir choisir, Messieurs Dames, l’autoroute ou le tram ?
Et aussi se justifier.
Laissons le dernier mot à Maxime Prévot, Ministre wallon des Travaux Publics, le 1er décembre en séance de Commission au Parlement wallon :
"La priorité est à l'entretien davantage qu'à l'extension, il n'y a pas de projet pour 2016 lié à CHB comme je vous l'avais confirmé."
Oublions par contre la position du Ministre Di Antonio...
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