Schéma de développement territorial
(contact : troozinfo@gmail.com)
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Ma contribution...
Le Schéma de développement du territoire (SDT) définit la stratégie territoriale pour la Wallonie.
Il oriente les décisions régionales et communales en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme en fixant des objectifs et des modalités de mise en œuvre.
Le 30 mars 2023, le Gouvernement wallon a adopté un nouveau projet de SDT, aujourd'hui soumis à enquête publique.
Le projet de SDT propose des mesures concrètes permettant d’optimiser le territoire en maîtrisant l’artificialisation et en luttant contre l’étalement urbain.
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A se demander comment l'urbanisation de notre territoire est autant déstructurée avec de telles ambitions... qui reviennent à chaque nouvelle mouture.
https://lampspw.wallonie.be/dgo4/site_amenagement/index.php/amenagement/sdt
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Ma contribution (en m'étant inspiré du projet d'une association) en 3 étonnements et 3 inquiétudes.
(sans parler de la désuète, inutile et toxique liaison CHB qui est tjs citée dans le projet)
Objet : révision du Schéma de Développement du Territoire
Madame, Monsieur,
J’ai le plaisir de vous transmettre mes remarques au sujet du projet de révision du Schéma de Développement du Territoire (SDT) soumis à enquête publique.
Il s’agira plutôt d’étonnements et d’inquiétudes.
1) Je m’étonne que le SDT, qui ambitionne d’optimiser l’espace en vue de préserver le foncier, de lutter contre l’étalement urbain et de participer à l’objectif de la neutralité carbone, ne s’applique qu’à des projets égaux ou supérieurs à deux hectares. Ces projets ne représentent qu’une petite partie des demandes de permis ; cette limitation aura aussi pour effet délétère de pousser les promoteursà saucissonner leurs projetspour échapper aux nouvelles dispositions.
2) Je m’étonne que les règles d’urbanisation pour les espaces excentrés soient contraires à la volonté affirmée de lutter contre l’étalement urbain. D’une part, les obligations de réserver une superficie de pleine terre supérieure ou égale à 70 % de la superficie du terrain avec une densité nette inférieure ou égale à 10 logements/hectare sont en contradiction avec la volonté affirméed’un usage parcimonieux de l’espace. D’autre part, la possibilité de continuer à construire dans les zones urbanisables en ruban en dehors des cœurs de village moyennant une densité nette inférieure à 5 logements à l’hectare va carrément amplifier ce phénomène d’étalement urbain !
Une autre conséquence, moins grave que la perte irréversible de nouvelles terres et la dégradation des paysages mais qui en dit long sur l’idéologie des promoteurs politiques de la révision du SDT, et donc du Gouvernement wallon, c’est que ces « vastes » parcelles à construire seront accessibles à la seule catégorie des personnes qui « en ont les moyens ».
3) Je m’inquiète de la porte ouverte à la création de nouvelles zones de loisirs dans des zones forestières qui en sont actuellement préservées. Cela aurait pour premier effet d’atteindre de façon irréversible à leurs qualités intrinsèques.
4) Je m’inquiète que l’objectif de zéro artificialisation nette soit maintenu à 2050 vu l’urgence environnementale actuelle et en particulier les crises du climat et de la biodiversité. Les surfaces à réhabiliter en faveur du logement et des services à la population sont très vastes et devraient être la priorité des priorités. Préserver de l’urbanisation les milieux naturels, agricoles et forestiers n’est plus un choix mais une nécessité. Sans compter l’ « effet rebond » que va engendrer une telle mesure lointaine qui à ce stade s’apparente à une incantation.
J’ajoute que la plus-value foncière suite au statut « urbanisable » nouvellement accordé à des surfaces privées devrait évidemment être captée par les pouvoirs publics régionaux, ce qui leur permettrait de disposer de quelques moyens pour corriger certaines « erreurs » des plans de secteur, dont toute une sériea été mise en évidence par les inondations de l’été 2021.
5) Au-delà du projet révisé de SDT qui reconnaît que « la Wallonie doit protéger son patrimoine environnemental, réduire les menaces sur les milieux naturels et les espèces et développer les services écosystémiques », je m’inquiète qu’il ne garantisse pas un certain niveau de protection de ces milieux, en particulier les liaisons écologiques nécessaires au bon « fonctionnement » des écosystèmes.
6) Je m’étonne, même si mon étonnement décroit au fur et à mesure de mes remarques, que le projet de SDT ne propose aucune mesure concrète pour préserver les terres agricoles alors qu’il a pour finalité de définir la vision stratégique du développement territorial de la Région wallonne.
Un mot particulier au sujet de la participation citoyenne, qui me paraît être plus importante que jamais. Je salue le projet de prévoir la « mise en place de manière facultative des modalités collaboratives pour associer les acteurs du territoire, les habitants et les usagers à l’élaboration des schémas et guides liés à l’urbanisation».Le problème est que la toute grande majorité des communes ne jouent pas le jeu et finissent par épuiser les citoyens qui s’engagent dans ce genre de démarche. Malgré cela, je souhaite que le renforcement de cette participation citoyenne soit obligatoire et les modalités collaboratives définies pour que les citoyens puissent réellement jouer leur rôle et rendre un peu de tonus à nos démocraties locales souvent endormies, parfois comateuses.
En toute logique, mon avis est donc que le projet de SDT dans son état actuel est top peu concret dans les mesures de gestion et de programmation et qu’il manque d’ambition au niveau des enjeux environnementaux et territoriaux.
Je vous remercie de bien vouloir considérer mes remarques comme une contribution critique mais constructive à l’avenir de nos territoires tels que dessiné par les promoteurs du projet révisé du SDT, auxquels je demande d’améliorer sensiblement le document.
Avec mes salutations les plus cordiales.
Olivier Baltus
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