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Le Passeur (d'idées)
18 janvier 2023

Task Force Vesdre : comment reconstruire...

(contact : troozinfo@gmail.com)
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...selon les futurs architectes, aménagistes du territoire et urbanistes

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Malgré l'importance des dégâts matériels et la profondeur du traumatisme vécu par toute une population, l’hypothèse d’une désertification de la vallée de la Vesdre dévastée par les inondations de la mi-juillet 2021 n’a jamais été sérieusement considérée. Viscéralement attachés à leur lieu de vie, la majorité des sinistrés et les autorités ont rapidement convenu de reconstruire. Oui, mais comment ? 

En aucun cas, la nouvelle page ne pourra s'écrire comme la précédente : les bouleversements climatiques nous exposent à des risques récurrents de crues de forte ampleur, mais aussi de sécheresses estivales, de canicules... Le défi est donc de taille : reconstruire, mais de manière à faire face aux aléas climatiques, et réduire l'impact destructeur de nouveaux débordements de la rivière – et de ses affluents – via la restauration des territoires sinistrés : 737 millions d'euros du Plan de Relance de la Wallonie y sont consacrés. Non moins compliqué, il importe de repenser notre rapport à l'eau et singulièrement à la rivière, cet élément structurant du paysage qui est aussi un écosystème vivant et dynamique.
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IMG20220701183314 - inaugurationIMG20220701180437

Le monde académique s'est mobilisé en créant la Task Force Vesdre à laquelle ont pris part 150 étudiants en architecture, aménagement du territoire et urbanisme de l’ULiège, l’ULBruxelles et la KULeuven. Une vingtaine de territoires et de sites ont été analysés. Le résultat de leurs travaux a été exposé du 2 au 15 juillet 2022 à la gare SNCB de Verviers-Central, non loin du cœur historique de la cité lainière, lui aussi très durement touché. 

Par la force des choses, ces futurs professionnels ont donc été confrontés de manière quelque peu anticipée au réel dans ce qu'il a de plus brutal – mais aussi, potentiellement, de plus régénérateur au niveau des idées et des concepts. Organisés au sein d'ateliers, par groupes de 2 ou 3 ou en plus grand nombre, les étudiants se sont projetés dans le futur en s'octroyant la liberté de repenser la configuration et l'occupation des espaces, les pratiques d'aménagement et la conception des bâtiments, pour mieux les ancrer dans un territoire appelé à subir une profonde mutation. Au final, les analyses et les projets ont été restitués sous la forme de posters, cartes, livrets, vidéos et maquettes.

Si certaines études abordent les problématiques à l'échelle du bassin ou au travers de transects, d'autres portent sur des espaces et des sites définis : les quartiers de La Brouck, La Fenderie et Fraipont-cité à Trooz, la friche de Verviers-Est et Renoupré, le site de l'ancienne usine Impéria à Nessonvaux, le Centre de Pepinster, le site industriel « Kabelwerk » à Eupen, les confluences à Chênée et à Eupen... Mais l’idée d’« Habiter le territoire » oriente l’ensemble de  la démarche inculquée aux étudiants par le corps professoral à l'origine de la Task Force

Après la visite du terrain, les participants ont analysé la situation à différentes échelles suivant les cas (la vallée, la commune, le quartier). Dans les zones habitées, un dialogue a été établi avec les habitants afin de connaître leurs habitudes de vie avant la catastrophe, leurs craintes et leurs désirs par rapport à l'avenir. À partir de ces données et de ces vécus, et pour chaque site, le problème de « comment vivre, habiter, travailler" a été pensé dans une logique de durabilité et traduit dans un Master Plan sous forme d’un brouillon chaque fois revu et questionné avec les professeurs. Après la phase de numérisation, les projets ont été « opérationnalisés » aux niveaux juridique, foncier, financier… avant d'être présentés aux jurys composés (en partie) d’acteurs de terrain. 

De nouvelles formes de collaborations solidaires entre les différentes parties du bassin versant sont ainsi apparues (zones de rétention des eaux de pluie en amont, renforcement du bocage...) ; des affectations du territoire ont été réévaluées (déplacements d'activités économiques, construction de logements, création de zones d'immersion temporaire, cheminements pour les modes de déplacement doux...) ; la place de la nature a été reconsidérée (espaces rendus à la Vesdre, création d'îlots forestiers, creusement de noues...) ; de nouvelles configurations d'habitats ont émergé (habitats groupés, habitats intergénérationnels...) et des développements possibles ont été imaginés (reconversion d'anciens bâtiments industriels, création d'ateliers pour artisans...). En somme : un travail autant formateur pour les étudiants que révélateur pour les visiteurs de l'exposition.   

Dans tous ces projets, dont certains ouvrent – volontairement – des perspectives audacieuses plus qu'elles n'offrent de solutions concrètes directement transcriptibles sur le terrain, l'homme est au centre des préoccupations : son cadre de vie, son inclusion et son bien-être social, son accès aux équipements et services, ses besoins en transports... ; mais il s’agit aussi de le relier à l'eau et la rivière, condition nécessaire, du reste, d'une relation apaisée entre l'habitant et son habitat construit, d'une part, et le cadre de vie et l'environnement naturel, d'autre part.  

Ce travail universitaire, qui a l'immense mérite de mettre en débat un sujet de société difficile, jusqu’à présent toujours remis à plus tard, et de mobiliser de nouvelles capacités d'apprentissage, est aujourd'hui mis à la disposition des autorités politiques et administratives en charge de la reconstruction. Il repose sur une réflexion collective et systémique qui, à n'en pas douter, est la meilleure garante d'une réelle prise en compte des nouvelles contraintes nées des changements en cours. Reste à l'ensemble des composantes de la société civile à intégrer le débat et à traduire sur le terrain la nécessité de repenser l'occupation et l'aménagement du territoire.

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IMG20220715155320 - site Impéria à Nessonvaux

Nessonvaux - site de l'ancienne usine Impéria
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Exemple de 3 quartiers de logements modestes à Trooz

Parmi les points du territoire traités, les étudiants ont imaginé, parfois spéculé, sur l'évolution des 3 quartiers de logements modestes de La Brouck, La Fenderie et Fraipont-cité, fortement touchés par les inondations. Les scénarii "utopiques" ainsi obtenus ont ensuite évolué vers une proposition de projet intégrant la réalité de la situation.

Il s'agit non seulement de montrer ce que pourraient devenir ces sites mais aussi la manière de les habiter. Loin, très loin, de la découpe du territoire et de la distribution en nappes ou en pattes d'araignée des habitations comme on le voit aujourd'hui souvent dans les lotissements et en bordure des voiries.

 

IMG20220701183338 - maquette Quartier La Brouck à Trooz

Quartier de La Brouck

IMG20220715154134 - BBB

 

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  • "Le Passeur d'idées", blog politique administré par Olivier Baltus, habitant de Trooz et ancien conseiller, est le support d'un travail qui se veut constructif mais critique. Son fondement: l'information et la sensibilisation de tous les Trooziens
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