De Nessonvaux à Halinsart... les yeux grands ouverts
(contact : troozinfo@gmail.com)
En cet après-midi couvert mais doux de la fin août, une
visite à la découverte de Halinsart
était organisée sous l’égide des Thermes et Coteaux, Maison du Tourisme installée dans
le complexe Source O Rama
Axée avant tout sur la nature environnante et les éléments du patrimoine local, notre guide-nature Christiane Delmal proposait une promenade en boucle de 3 heures par les chemins et sentiers au départ de la gare de Nessonvaux jusqu’à Halinsart, descente vers Goffontaine et retour
à Nessonvaux par la vallée. De nombreuses observations mais aussi le plaisir d’échanger quelques mots avec les habitants croisés ça et là, toujours heureux de présenter une particularité du coin.
Et l’occasion pour moi de partager avec vous certaines de ces observations mais aussi mon appréciation personnelle quant à des situations de tous ordres rencontrées au cours de cette pérégrination.
Pour rappel, on parle bien et avant tout de politique sur ce blog…
Bonjours cordiaux...
...entre la douzaine de participants rassemblés sur la « place de la gare » ; plutôt désolé cet espace propriété d’Infrabel, alors qu’il était autrefois doté d’une gare importante où des centaines d’ouvriers descendaient pour rejoindre l’usine Impéria notamment. En plein essor, la gare a compté 5 voies ! Tabula rasa : après les appartements en 1977, c'est la gare qui fut démolie le 8 septembre 1992. En 1994, une partie de la passerelle métallique était remplacée par du béton. L’indication « 1841 » surplombant le tunnel du chemin de fer nous indique que la jeune Belgique a rapidement investi dans un réseau ferré, notamment pour innerver une région en plein développement industriel.
La gare de Nessonvaux... avant sa destruction.
Avant le vrai départ...
...jetons d’abord un œil sur cette ancienne chapelle routière, dont 3 copies strictement semblables bordent la rue Trasenster / route de Banneux. Elle abrite une magnifique mosaïque montrant Marie entourée de 6 personnages.
Après la restauration des toitures des 3 édifices sur Trooz en 2013 grâce à un subside « petit patrimoine » accordé à la Commune, la Fabrique d’Eglise de Nessonvaux a pris le relais et envisage de faire restaurer cette mosaïque, après avoir déjà entrepris de remplacer celle trop abimée de la chapelle de Trasenster et d’apposer une nouvelle œuvre dans la troisième chapelle située plus en amont. Les œuvres de 2 artistes de la région de Verviers ont été dévoilées à l’église de Nessonvaux lors des journées du patrimoine des 10 et 11 septembre. Contact a été pris avec la fabrique d’église de Banneux afin que la 4ème chapelle, située juste à côté du cimetière du village marial, soit à terme elle aussi réhabilitée !
La chapelle n°1 de Nessonvaux au cours du temps...
Logique qu’un miracle se produise à proximité d’une chapelle : l’ancien bac à fleurs en briques a été brisé (certainement par une voiture…) et remplacé par un très beau bac en bois du plus bel effet !
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La mosaïque de la chapelle de Nessonvaux et, en primeur, la photo des 2 nouvelles oeuvres qui seront prochainement replacées dans les chapelles 2 et 3, protégées de toute dégradation par une plaque d’un matériau transparent et résistant.
Dominant les voies...
...la petite rue Pont-en-Vaux est sans issue… pour les automobilistes. A côté de quelques petites maisons assez anciennes, la ruine d’une ancienne fermette dont le propriétaire - apparemment injoignable - ne semble faire aucun cas de son bien et du voisinage ; comme d'autres avant moi, je vais me lancer sur ses traces... Début de l’ascension pour les marcheurs via un petit chemin, creux par endroit, malheureusement jonché de déchets et doté du dernier banc que la Commune n'a pas encore réhabilité, malgré mes sollicitations.
Le chemin très fréquenté, notamment par les usagers du train, mériterait une plus grande attention de la part de la Commune.
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"LE" banc en 2013, 2014, 2015 et 2016.
Une infrastructure mal ou non entretenue ne peut que susciter vandalisme et malpropreté.
Quelques observations naturalistes : aubépines à 1 et 2 styles, présence des 3 érables sycomore, plane et champêtre, les fruits toxiques du gouet tacheté… Et aussi le lierre, cette belle plante grimpante dont il est aujourd’hui démontré le rôle positif pour la forêt ! Son seul objectif : trouver suffisamment de lumière pour mener à bien son développement. Il n’a rien de parasite car il ne tire sa nourriture que du sol. Le lierre apporte au milieu une contribution multiple : il enrichit la biomasse du sol, apporte fraîcheur et ombrage et offre gîte et couvert à des dizaines d’espèces.
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Les érables plane et sycomore.
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Contrairement au chèvrefeuille qui s’enroule sur son support, le lierre grimpe droit et n’étrangle pas les arbres. Fleurissant en septembre, cette liane attire les abeilles par son abondant pollen et son nectar, leur permettant de compléter les réserves pour l'hiver. Quant aux fruits, ils arrivent à maturité fin de l’automne et sont appréciés de nombreux oiseaux de retour de migration.
A l’approche de Trasenster, retour sur l’asphalte de la rue… Pont-en-Vaux : tiens, cette rue est donc composée de 2 parties bien distinctes !
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Au carrefour...
... situé au cœur de Trasenster, l’ancienne école du village aujourd’hui propriété de la scrl "Trasenster 24" constituée par un collectif de villageois qui a le beau projet d’en faire une sorte de « maison du village » : à terme, des espaces seront disponibles pour des activités diverses d'ordre culturel, festif... Une partie du bâtiment sera aménagée en logements à loyer modeste. Voilà une belle initiative citoyenne pleinement supportée par la Commune.
Pas d’église à Trasenster, pas même une chapelle… sauf cette seconde chapelle routière qui attend donc d’abriter sa nouvelle œuvre, elle-même abritée sous un chêne pédonculé classé de 4,2 m de tour ! Un vrai monument vivant.
Quoi d’autres dans ce village de Trasenster ?
- Son ancien centre RTT aujourd’hui devenu Le Merisier, centre de la Croix Rouge qui accueille des demandeurs d’asile. Avec l’afflux moindre de réfugiés syriens, afghans, irakiens et érythréens notamment du fait que la vertueuse Europe ait confié à la démocrature turque le soin de les retenir sur son sol (dans le cadre d’un donnant-donnant qui n’honore ni les - vrais - démocrates, ni les défenseurs des droits de l’homme, ni les citoyens prêts à faire preuve d’une vraie générosité), les centres d’accueil sont aujourd’hui moins sollicités et on peut espérer que nos hôtes soient aujourd’hui hébergés dans des conditions plus confortables. Pour revenir au merisier : certainement y a-t-il de tels fruitiers sauvages dans la propriété, mais il y a aussi une série de beaux arbres classés : 7 hêtres pourpres et un majestueux cèdre de l’Atlas.
Une partie des bâtiments du centre disposés en terrasse.
A l'entrée du domaine, un espace parsemé de pins majestueux.
- Son IPPJ « de Fraipont » (institution publique de protection de la jeunesse) installée dans le château « de Banneux » et ses dépendances modernes, parfois maladroitement appelée « centre fermé pour jeunes délinquants ». Un cadre bucolique pour des jeunes (enfin, pour ceux qui peuvent sortir) auxquels la société se doit de donner une nouvelle chance, via un encadrement strict et professionnel dans le cadre d’un processus qui les invite à prendre du recul et à réfléchir à leur situation. Puisse la société aussi se questionner…
Un (beau) relai de chasse aujourd'hui reconverti.
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- Sa mare ; autrefois grouillante de vies, elle n’est plus aujourd’hui qu’une triste dépression asséchée envahie par la végétation. Il paraît que les vases sont polluées et doivent être exportées et traitées dans un centre agréé. Polluées par quoi ? Etonnant quand on sait qu’une bonne partie du territoire communal est contaminé par les métaux lourds émis par l’ancienne usine sidérurgique de Prayon, que les sédiments de la Vesdre pollués par les activités industrielles du passé n’empêchent apparemment pas les terrassements dans le lit et sur les berges de la rivière, que des centaines de maisons de Trooz rejettent toujours leurs effluents non traités dans la nature… Et si on déposait ces 4 ou 5 m³ de boues sur la parcelle, juste à côté de la mare ?
- Et ses chevaux…
Malheureusement, le nouveau hangar de 28 x 18 m en cours de construction au sud-est de Trasenster (rue sur le Bois) s'implante en plein milieu de la prairie, au bout d'une nouvelle voie d'accès sur un ancien chemin. Diverses considérations techniques et urbanistiques ont conduit à ce choix mais après retour sur le terrain, vu la topographie des lieux et malgré la nécessité de rester à 50 m des maisons, il me paraît évident que cette localisation n'est pas du tout optimale en terme d'intégration dans l’environnement et d'utilisation raisonnée de l'espace. Pour ne rien arranger, l'enclos pour l'entrainement des chevaux sera aménagé au-delà du bâtiment, soit pile au centre de la zone ouverte. En aucun cas, les nouvelles plantations ne suffiront à réparer cette décision / cette faute. On a considéré l'implantation par rapport à la rue sur le Bois ; on a par contre négligé de le faire à partir du versant d'en face (qui n'est pas sur Trooz). Le positionnement du bâtiment en contact direct (au nord ou à l'est) du hangar déjà existant eût été bien plus judicieux ; ce choix eût été possible lors de la concertation préalable entre les diverses parties privées et la Commune, avant la division et la vente de la parcelle de terrain ! Rappelons que c'est quand même la Commune qui doit veiller à préserver ce qui doit l'être, prendre les dispositions et imposer les mesures pour ce faire. Mais qui se soucie vraiment des paysages à Trooz, quel échevin, quel conseiller ? Qui se rappelle que les 3 composantes de la majorité sont liées par une déclaration de politique générale qui prétend préserver la ruralité ? Bref, malgré l'attention portée par les pouvoirs publics, ce projet en cours à Trasenster est un nouveau coup de poing indélébile dans notre paysage (comme je vous le montrerai en photos d'ici quelques mois lorsque le bâtiment sera construit et les nouvelles plantations figurées). Franchement, ce manque de discernement est incompréhensible, et triste. Après réflexion, une conclusion s'impose : si chaque propriétaire d'un terrain - aussi inapproprié soit-il et sans même que le promoteur dispose d'un bail à ferme - peut construire un hangar pour chevaux, plus aucun paysage de Trooz n'est à l'abri d'une dégradation définitive.
Après la décision catastrophique de la Commune au niveau de la zone verte de la Rue Biche les Prés à Péry, voici une nouvelle décision tout à fait contraire à l'intérêt général.
Jugez vous-même...
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Ceci étant dit…, reprenons notre promenade.
Un petit sentier bordé de haies formées de lauriers cerise, thuyas et hêtres taillés au cordeau nous amène au cœur d’Halinsart, modeste hameau autrefois composé de quelques maisons de pierres qui furent presqu’autant de débits de boissons, de genièvre avant tout. C’est qu’il fallait bien dépenser sa paie durement gagnée dans les ateliers de fabrication de canons de fusils de la vallée. Pour les épouses, c’était aussi l’occasion d’un petit revenu, en plus de celui espéré de la fabrication artisanale de clous. Quand le troquet n’était pas celui… du patron d’usine, soucieux de reprendre d’une main ce qu’il avait donné de l’autre. Une habitante, dont la masure en pierres rejointoyées à la molêye et surmontée d’un étage en briques bien plus récent, nous explique que cette modeste maison fut à une époque passée un café dancing… Un dancing à Halinsart, vous imaginez ? Alors qu’il n’y a plus aujourd’hui le moindre jukebox à 15 km à la ronde !
De nos jours, le hameau compte une soixantaine de maisons desservies par une ruelle étroite et sinueuse… : la rue de Halinsart.
Une petite maison magnifiquement restaurée de Halinsart.
Subitement, un chemin étroit et abrupt nous plonge dans l’étroit vallon du Noirfossé couvert de bois appartenant à la Région : à gauche un massif de feuillus piqueté de quelques résineux (pins et mélèzes) ; à droite, une plantation de douglas (résineux d’origine nord américaine à croissance très rapide) et de sapins pectinés, dont une partie des arbres ont été martelés en prévision de l’éclaircie du peuplement.
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Au pied de la colline...
...la réserve naturelle domaniale de Goffontaine (située dans sa plus grande part sur notre territoire communal) a permis de préserver un paysage dégagé et attrayant. Elle est composée de 3 prairies distinctes, utilisées par une habitante voisine qui récolte l’herbe et y fait pâturer des chevaux, conformément au plan de gestion établi par le DNF. Une haie vive sépare le chemin de la 1ère prairie, que le DNF (Département de la Nature et des Forêts) envisage de tailler pour lui permettre de se régénérer et de s’étoffer dans le bas. Quatre mares ont été creusées au fil du temps afin de créer un habitat attractif pour quelques batraciens mais aussi une foule de bestioles qui vivent dans le milieu aquatique et alentours. Un talus-pierrier adossé au chemin de fer voisin accueillait autrefois le lézard des murailles, pas si fréquent que cela ; le dépôt par Infrabel d’un matériau terreux a détruit cet habitat que le DNF aimerait restaurer. Dans la 3ème prairie, les quelques aubépines éparses sont fréquentées par la pie-grièche écorcheur, une espèce Natura 2000. Sans oublier… les bernaches du Canada, oiseau exotique bien installé chez nous et dont les troupes se rencontrent pratiquement partout le long des grandes rivières.
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La RND de Goffontaine, c'est 3 prairies, 4 mares, quelques chevaux et une foule de bestioles en tout genre.
Observez la berge de la Vesdre entièrement bétonnée. Pour compenser cette grave altération de notre environnement naturel, il est parfois nécessaire de recréer des milieux, comme cela a été le cas avec le creusement de plusieurs mares dans la réserve. Inutile de vous dire que l'homme ne fera jamais aussi bien que la nature et qu'il faut avant tout préserver ce qui existe encore !
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Passage sur le pont de la Vesdre et un mot de notre guide au sujet du rocher de Cleusevay (sur le territoire de Pepinster), des découvertes archéologiques qui y ont été faite par le docteur Philippe-Charles Schmerling, des phénomènes karstiques et de la résurgence (d’une partie) des eaux de la Vesdre après un passage souterrain dans le sous-sol calcaire. A proximité, la station d’épuration de Goffontaine, d’une capacité de 30.000 équivalents-habitants.
Retour sur nos pas...
...et passage sous le chemin de fer pour découvrir un vieux bâtiment dont le fronton indique l’année… 1594 ! Riche histoire que celle de cette bâtisse remaniée à plusieurs reprises et qui à l’origine devait être un relai de batelerie. A une époque, les barques à font plat pouvaient en effet remonter la Vesdre jusqu’à Goffontaine, via 17 pertuis, ces passages assurant le franchissement sans encombre des barrages aménagés pour assurer une hauteur d’eau suffisante et l’alimentation de nombreux biefs conduisant à des moulins à écorce et à farine, des forges... Sur les berges, un chemin de halage permettait à un cheval de tirer les embarcations. Notons aussi qu’en rive droite se trouvait la maison d’un passeur d'eau qui offrait de passer la rivière au sec.
Le propriétaire est heureux de nous conter l’histoire de sa grande maison, et nous de l’écouter. La façade est un livre ouvert sur cette histoire : déplacement de la porte d’entrée, fronton monumental frappé des lettres de la famille Heuse, anciennes baies murées et nouvelles ouvertures… L’entrée de la propriété est pavée de galets tirés du lit de la Vesdre voici certainement plusieurs siècles. Sur le seuil de la porte, couvrant moins d’un mètre carré, un dallage manifestement très ancien constitué de toutes petites pierres arrondies formant une figure géométrique dont on me dit qu’il faut aller dans le vieux Limbourg pour en voir de semblables ! A mon avis rarissime !
Pour visualiser le plan des ancienens usines de Goffontaine, cliquer ici - plan_usines_de_Goffontaine
Un peu plus loin, une ancienne petite usine transformée en gîte. Puis un beau chemin pour le retour, parfois boueux, dans la plaine alluviale fertile de la Vesdre, au pied du versant boisé, d’où on peut admirer un panorama exceptionnel. Vous ne me croyez pas : attendez mi-octobre et vous y trouverez les coloris automnaux qui vous feront croire aux Laurentides !
Le chemin du retour nous permet aussi d'apercevoir quelques arbres morts... plein de vie !
Remerciements... à celles et ceux qui m’ont apporté leur aide pour la rédaction de cet article, et participent ainsi au conte de la petite histoire de notre commune, de ses villages et de ses habitants.
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