Et à Trooz, que fait-on ?
Voyons rapidement ce qui se fait à Trooz… et aussi ce qui pourrait se faire.
On l’a vu, les pelouses calaminaires font partie des sites de très grande valeur biologique que compte la commune. Tous ces sites sont privés, une partie est incluse dans le réseau Natura 2000.
La Commune est par contre propriétaire de dizaines d’hectares de bois et de forêts, gérés par le Département de la Nature et des Forêts (voir l’article du 8 décembre). Ils sont donc en de bonnes mains mais la Commune, si elle voulait se montrer un peu proactive, pourrait demander que les surfaces les moins productives (terrains pentus, sols lourds et humides…) soient davantage gérées en faveur de la nature, en y maintenant un peu plus de bois mort sur pied, en favorisant la régénération naturelle, en privilégiant les essences indigènes, en laissant vieillir des îlots forestiers, en régénérant une lande à bruyères, en recreusent quelques mares, en développant les lisières feuillues étagées… Le Plan d’Aménagement Forestier (PAF) des bois communaux, établi en 2002, vient de passer sa demi-vie : une occasion de rencontrer le DNF et de donner une inflexion plus « nature » à la gestion de nos bois, que nous encourageons la commune à saisir.
La Vesdre est un formidable vivier de biodiversité ! La qualité de ses eaux est évidemment déterminante mais l’épuration des eaux usées étant une matière « environnementale », nous ne l’aborderons pas ici, sauf le salage des routes qui devrait être réalisé avec un produit moins nocif que le traditionnel sel de déneigement, comme souhaité voici peu par les autorités communales. Par contre, les incivilités (dépôts de déchets en tous genres…) doivent être combattues, ce qui n’est pas facile il est vrai. De nombreux tronçons de berges sont envahis par des espèces exotiques (balsamine de l’Himalaya, renouée du Japon…) ; à l’exception de la berce du Caucase, il est illusoire d’espérer leur éradication. Par contre, tout doit être fait pour préserver l’intégrité physique des berges de la rivière et de ses affluents. Les débardages sauvages, les aménagements en crête de berge, les rectifications de cours… sont particulièrement dommageables. Enfin, reste les obstacles à la circulation des poissons, dont la suppression incombe à la Région wallonne mais nécessite de gros moyens.
Et pourquoi pas un Plan Communal de Développement de la Nature (PCDN) à Trooz ? Ce serait l’occasion de faire faire un inventaire précis de la nature et de lancer des actions concrètes en collaboration avec les citoyens ! Dès fin 2012, j’ai insisté pour que la Commune pose sa candidature mais le message n’a apparemment pas été relayé… Trooz ne fait donc pas partie des 5 nouveaux élus.
Les parcs et les espaces publics, voilà un endroit pour la nature ! Leur gestion doit être de plus en plus raisonnée et c’est très bien comme cela (interdiction d’utiliser des pesticides sur les espaces publics à partir de 2015, notamment). Mais une démarche volontariste permettrait de développer le potentiel de certains espaces biens définis en les fauchant après la production de graines des plantes à fleurs, en accumulant un peu de bois mort, en replantant des haies vives composées d’essences rustiques de chez nous… Attention d’entretenir (si nécessaire) dans les règles de l’art les arbres adultes ! Mention particulière pour la drève Patureau à Fraipont, dont nous parlerons dans un prochain article.
Les jardins privés alors ? Mais oui, bien sûr : ils couvrent des surfaces considérables et offrent aux propriétaires soucieux d’accueillir la nature au jardin un spectacle fascinant, en toutes saisons. Pourquoi ne pas créer un réseau de jardins-nature et générer ainsi une émulation positive ?
L’opération combles et clochers se poursuit à Forêt et le fauchage tardif des bords de route concerne plusieurs tronçons de voiries communales de Trooz. Chaque année à la Sainte-Catherine, la Commune distribue des jeunes arbres aux habitants. A Wallonia (ancien terrain de football de Nessonvaux) et à El No (Fraipont), un potager communautaire rencontre un vrai succès. Dans le premier cas, des arbres fruitiers ont été installées et des plantes mellifères semées. Au Havegné à Fraipont, la Commune installe depuis cette année un panneau d’information au moment du passage migratoire des crapauds (février - mars), où des bénévoles se relaient en soirée pour les aider à traverser la route sans encombres. Tout cela est très positif. Citons aussi quelques initiatives privées comme le jardin « nature admise » de La Fenderie, la participation de bénévoles à la gestion de la réserve naturelle domaniale de « Goffontaine » (en fait essentiellement sur Trooz)…
Le bocage constitue la trame du réseau écologique local. Sa préservation doit être une priorité, et notamment les chemins et sentiers bordés de talus, de haies, de boqueteaux… Tout ces éléments façonnent nos paysages et ont un effet bénéfique contre l’érosion (et donc les risques d’inondation), le lessivage des engrais… L’aménagement du territoire doit être conçu - et mis en œuvre - de manière à respecter ces éléments, et donc le caractère rural de la commune.
Le plan Maya : disons-le clairement, c’est le cache sexe de l’action publique en matière de conservation de la nature à Trooz. On en parle beaucoup (trop), son utilité est (largement) contestée et on ne la voit que très peu (et c’est tant mieux).
Vous l’aurez compris : le dénominateur commun à toutes ces – modestes – idées, c’est l’information et la sensibilisation du public ! Le citoyen est heureux d’apprendre ce qui se fait et ce qu’il peut lui-même faire en faveur de la nature. Réserver un onglet du site internet communal à la nature (et des articles pertinents tous les mois), une page dans chacun des bulletins communaux, disposer de petits panneaux discrets à proximité des aménagements pour la nature dans les espaces publics, une conférence de temps en temps, l’organisation de 2 ou 3 balades nature à la bonne saison, une collaboration avec le monde associatif local de la conservation de la nature pour des projets plus précis… et petit à petit, la Commune de Trooz, comme d’autres, fera sa part pour que les prochaines générations de Trooziens continuent de s’émerveiller des beautés de la nature.
Nous attendrons le printemps pour voir si quelque chose éclot en la matière.
Bonne nature !
Olivier Baltus
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